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L'oeuvre du mois d'octobre 2015
Octobre 2015
Le Christ devant PilateÉcole champenoise ?
Le Christ devant Pilate
Bois, vers 1530 ?
l. 30 cm ; H. 35 cm ; P. 10 cm
Provient de l'église Saint-Antoine, Bar-le-Duc
Inv. 990.1.82L’épisode est repris de l’Évangile de saint Matthieu : « Et Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que plutôt il s’élevait un tumulte, prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, disant : Je suis innocent du sang de ce juste ; vous, vous y aviserez » (Mt, 27,24). Le gouverneur de Judée se dédouane ainsi du choix de la foule de libérer Barabbas plutôt que Jésus.
La scène montre Jésus devant Ponce Pilate, représentant de l’empereur Tibère en Judée. Celui-ci détient l’ultime pouvoir de vie ou de mort sur le condamné. Le Christ, à droite, est poussé par des soldats, les mains liées et couronné d’épines. Face à lui, Pilate est assis sur un trône. Un serviteur lui verse de l’eau sur les mains.
Martin Schongauer(vers 1445-1491)
Le Christ devant Pilate
Gravure au burin, 1475-1480
Paris, Bibliothèque nationale de FranceLa composition de ce relief est très proche d’une gravure de Martin Schongauer sur le même sujet et datée vers 1475-1480. La partie gauche de la sculpture, en particulier, est directement reprise de l’œuvre du maître alsacien. Pilate y est représenté dans la même position, sur un trône orné de plis de serviette. L’action de se laver les mains provoque chez lui une légère contorsion. Ses vêtements (chapeau, manteau, chausses) sont légèrement modifiés par rapport à la gravure. La perte de la polychromie, et par conséquent de nombreux détails, fausse notre perception et augmente certainement la distance entre la gravure et son exécution en trois dimensions. Le traitement délicat des figures dénote une approche psychologique certaine. Ainsi, les figures tordues et courbées des soldats et de Pilate contrastent avec la figure humble, mais néanmoins dressée de Jésus.
École champenoise
Jésus-Christ devant Pilate (détail du retable)
Bois poychrome, vers 1530
Mognéville, église Saint-Rémi
Photo : Michel PetitCe relief doit également être rapproché du retable de l’église Saint-Remi de Mognéville (Meuse), daté vers 1530 et identifié comme une œuvre champenoise. La comparaison de ces trois œuvres témoigne de la circulation des modèles autour de 1500 dans les ateliers du Nord de l’Europe.
La provenance indiquée dans l’inventaire du Musée barrois - église Saint-Antoine de Bar-le-Duc - suggère une présence ancienne de cette sculpture dans la ville et donc une production locale. Il est également tentant de penser qu’elle faisait partie d’un retable plus important, à l’image de celui de Mognéville. En comparant les deux, il paraît vraisemblable de leur attribuer la même origine géographique.
Texte d’après le catalogue de l’exposition L’Art et le modèle. Les chemins de la création dans la Lorraine de la Renaissance, Bar-le-Duc, 2013
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