• L'oeuvre du mois de mars 2015

     

    Mars 2015
    Alexandre-Louis Patry
    Le Printemps
     

    L'oeuvre du mois de mars 2015

    Alexandre-Louis PATRY (Paris, 1810 - Paris, 1879)
    Le Printemps
    Huile sur toile, avant 1855
    79,7 x 59,8 cm
    Dépôt de l’État en 1855,
    transfert de propriété de l’État à la Ville de Bar-le-Duc, 2006
    Inv. 2007.0.10 

    L’allégorie du printemps est personnifiée ici, de façon tout à fait traditionnelle, sous les traits d’une jeune femme vue à mi-corps, la tête couronnée de fleurs et de feuilles de lilas et tenant à la main une petite branche de la même plante. Elle se détache sur un fond de paysage, traité presque en grisaille, où se distinguent quelques clochers et campaniles qui rappellent certaines villes de Toscane (Florence ?).

    Alexandre-Louis Patry a su mettre en lumière l’entre-deux qui caractérise cette saison. La régénération de la nature est illustrée par la présence des fleurs malgré la stérilité apparente du paysage encore endormi par l’hiver. La tenue de la jeune femme est tout aussi ambivalente : la légère chemise de mousseline anticipe les chaleurs de l’été tandis que le châle dans lequel elle semble s’emmitoufler renvoie aux frimas de l’hiver. Les couleurs utilisées, enfin, sont signifiantes : les nuances froides de l’hiver (paysage, châle) sont doucement réveillées de teintes un peu plus chaudes (carnation, fleurs).

    Patry fut élève de Jean-Auguste-Dominique Ingres à l’École des Beaux-Arts de Paris à partir de 1834. Le tableau du Musée barrois montre à quel point il est redevable à son maître. Comme les nombreux autres élèves du peintre de Montauban, il participe à la transmission de son héritage esthétique, fondé sur le dessin, la ligne et nourri des œuvres de la Renaissance, en particulier de celles de Raphaël. Pour créer la beauté et la sensualité, il privilégie les lignes sinueuses, élégantes quitte à distordre la réalité (épaules, seins), laisser de côté l’exactitude anatomique (cf. Ingres, La Grande Odalisque, 1814, musée du Louvre). Le traitement du visage répond à l’idéalisation des figures raphaélesques, reprise par Ingres (cf. Ingres, Mademoiselle Caroline Rivière, 1806, musée du Louvre) puis par la plupart de ses élèves tels Jean Brémond (1807-1868) ou Frédéric Peyson (1807-1877). La perfection des traits, totalement artificielle, fait apparaître ces corps comme des enveloppes sans substance.

    À l'opposé de l'abstraction des contours, le rendu de la texture des vêtements est illusionniste. Patry fait preuve d’un grand savoir-faire dans la transcription des matériaux, traitant par exemple de façon remarquable la légèreté de la mousseline délicatement boutonnée sur le bras droit du modèle.

    La pose, très complexe et artificielle, semble être inspirée du Portrait de la Comtesse d’Haussonville par Ingres (1845, Frick Collection, New York), reprise par un autre élève du maître, Hippolyte Flandrin dans le portrait de son épouse (1846, musée du Louvre). Là encore, il semble que cette pose n’ait été dictée que par la ligne sinueuse créée par le bras droit qui se poursuit dans l’ovale parfait du visage, créant ainsi une harmonie visuelle renforcée par l’aspect très porcelainé de la peinture.

    Malgré la maîtrise et la finesse dont l’artiste fait preuve dans le tableau du Musée barrois, il semble que son art ne lui permit pas d’atteindre une grande notoriété.

     

    Le Musée barrois conserve des œuvres d’un autre élève d’Ingres, Joseph-Benoît Guichard, dont la Vénus portée par les amours (1853, inv. D 1302) montre que son auteur a choisi une autre voie, moins asservie au dessin pur, beaucoup plus coloriste et libre dans sa facture.

     


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