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L'oeuvre du mois d'avril 2015
Avril 2015
Le fonds Jean et Suzanne Agrapart
Quart de déporté de Suzanne AgrapartFonds Jean et Suzanne Agrapart
Inv. 973.15Née à Constantine (Algérie) en 1908, Suzanne Vincent épouse le barisien Jean Agrapart en 1930. L’action du couple dans la Résistance est attestée à partir de 1943 dans le cadre du Bureau des Opérations Aériennes. Ils sont arrêtés, ainsi que d’autres résistants meusiens dont leurs associés en affaires, les Longeaux, en février 1944. Après un passage à la prison Charles III de Nancy et en région parisienne, ils sont déportés en Allemagne. Jean arrive à Auschwitz par le convoi des Tatoués le 30 avril avant d’être transféré à Buchenwald où il meurt le 22 mai 1944. Suzanne, quant à elle, part pour le camp de Ravensbrück avant d’être envoyée, avec son amie Elise Longeaux, à Holleischen, nom allemand du village d'Holysov (actuelle République tchèque). Elle y porte le matricule 35165.
Courriers envoyés par Suzanne Agrapart à sa familleLe kommando d'Holleischen, une ancienne ferme, dépendait du camp de concentration de Flossenbürg dans la région des Sudètes annexée par l'Allemagne nazie. Les déportées y étaient contraintes au travail forcé dans une usine d'armement.
Le travail à l’usine s’organisait par tranche de douze heures, une semaine de nuit suivie d’une semaine de jour, six jours par semaine, les unes aux machines, les autres à transporter des caisses de munitions d'un atelier à un autre.
L’hiver 1944-1945 fut particulièrement éprouvant : les températures descendirent à -32 °C et les seuls chiffons et papiers dont disposaient les prisonnières ne suffirent pas à contrer le froid. Missionnées à un travail de construction de route dans la forêt environnante, les femmes ont souffert des heures passées en extérieur, mais cette tâche créa une grande solidarité entre elles.
Au printemps, les bombardements commencèrent et l’usine fut bientôt détruite. Les derniers jours furent lourds de brimades, de fouilles et de menaces diverses, jusqu’à la libération du camp le 5 mai 1945 par des partisans tchèques et polonais.
Djénane Gourdji était la sœur de France Gourdji,
alias Françoise Giroud.En 1973, Suzanne Agrapart a souhaité que les objets qu’elle avait conservés entrent dans les collections du Musée barrois, afin que tous puissent se souvenir de ce moment tragique de l’histoire européenne. Elle est décédée le 3 septembre 2003 à l’âge de 95 ans.
Deux autres objets issus des collections du musée évoquent, de façon très forte et très émouvante, les camps de déportation : un morceau de fil barbelé et une urne en céramique portant la mention « Terre et cendres de Buchenwald ».
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